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2015

SALVATORE ARANCIO

Au centre de ma pratique artistique, on trouve principalement un intérêt pour le potentiel des images. Je m’intéresse à la façon dont les images et leurs significations peuvent être recadrées ou revues. J’ai tendance à jouer sur les symboles en essayant de toujours conserver une certaine ambivalence dans mon travail : ceci se manifeste à travers l’utilisation de toute une gamme de techniques, dont la céramique, la gravure, le collage, l’animation ou la vidéo.

 

Mon but est de donner la sensation d’un concept compact et homogène et ce, bien que ma pratique se compose paradoxalement d’éléments contrastés. Chacune de mes œuvres contient une juxtaposition dans lesquelles les racines et la représentation des images s’entremêlent : naturelles et artificielles, minérales et végétales, bidimensionnelles et tridimensionnelles, scientifiques et mythologiques. En m’éloignant de leur sens littéral, je crée de nouvelles juxtapositions, à la fois merveilleusement évocatrices et profondément troublantes. J’ai choisi la nature et la science comme sources d’inspiration, mais j’y brouille tout indice de sublime en recadrant les images et l’expérience qu’en fait le spectateur.

 

À travers ma pratique, je suggère une nouvelle organisation des significations, je me questionne et je pousse mes recherches sur la façon dont l’humanité tente de mettre de l’ordre dans le monde qui nous entoure, et l’esthétique qui découle des systèmes de classification utilisés à cet effet. J’aime penser que mes œuvres fonctionnent comme les pages d’un atlas du désordre, comme les figures sur les pages d’une revue scientifique positiviste dépourvue de toute image substantielle, où ne reste qu’un cadre vague et ambigu.

Cathedral, 2012, 4 mn 15

Tourné en Super 8 et enregistré à la grotte de Fingal.

Avec le soutien de l’Elephant Trust, Londres.

La grotte de Fingal est une formation géologique située sur l’île de Staffa, dans les Hébrides intérieures, au large de la côte ouest de l’Ecosse. La grotte fut découverte en 1772 par le naturaliste Sir Joseph Banks et a été associée depuis à plusieurs mythes et sagesses ésotériques, qui sont au cœur de mes recherches. La grotte de Fingal est aussi connue sous le nom de « caverne musicale ». Elle tire cette réputation des sons étranges et mystérieux qu’on peut y entendre. Ces sons (dont on sait désormais qu’ils proviennent de phénomènes géologiques et physiques concrets), couplés à l’apparence inhabituelle de la grotte, ont inspiré de nombreuses créations artistiques par le passé.

A travers mon film, je cherche à mettre en parallèle des éléments d’enquêtes scientifiques passées et des mythes et études ésotériques. Ces éléments vont de pair avec certains de mes intérêts principaux, quelque part entre l’eschatologie et la beauté séductrice, à la confluence du mythe et de la science. SA

 

Birds, 2012, 7 mn

Ce film en Super 8 a été tourné récemment au musée zoologique de Bologne. Ce dernier fut fondé en 1860 au sein de l’université de Bologne. Il est devenu le plus grand et le plus complet en Italie. On y trouve des rangées entières de vitrines remplies d’animaux étranges. Celles-ci tirent leur origine du tout premier cabinet de curiosités et de la collection d’Ulisse Aldrovandi, qui, non content d’avoir vraisemblablement inventé le terme « géologie », est sans conteste l’un des pères de l’histoire naturelle.

Le film fait écho à ma fascination pour la façon dont l’humanité tente de mettre de l’ordre dans le monde qui nous entoure, et l’esthétique qui découle des systèmes de classification utilisés à cet effet. Avec cette œuvre, l’artiste nous propose une vision subjective de la collection ornithologique créée par Zafagnini-Bertocchi dans la première moitié du 20ème siècle. A travers l’assemblage des profonds grondements gravitationnels créés par le projet musical cosmique culte de L.A. Expo 70, le montage précis, les gros plans fixes et les lents panoramiques, le film met en évidence la nature sinistre et troublante des vitrines, créant ainsi une expérience visionnaire qui transcende et transforme l’objectif scientifique et illustratif de ces dernières. SA

 

Sentinel, 2009, 9 min 13

En regardant 2001 : l’odyssée de l’espace de Stanley Kubrick, j’ai ressenti un lien puissant avec les paysages de la première partie du film, intitulée L’aube de l’humanité. La séquence s’ouvre sur une série de plans d’une région africaine sèche et inhospitalière. Les décors sont austères et sans âge ; ils pourraient aussi bien représenter un temps passé, en cours, ou à venir, tout comme les types de paysages que je présente dans ma série continue de gravures. Ces images font appel à mon intérêt pour l’eschatologie et la beauté séductrice : voilà pourquoi j’ai voulu les utiliser dans mon travail. Après une première série d’expérimentations, j’ai conclu qu’il me fallait me concentrer sur le paysage sans les personnages animaux, malgré leur caractère poignant dans le récit de Kubrick. Je me suis donc lancé dans le long processus de supprimer numériquement les animaux image par image, tout en gardant la bande-son et en la manipulant par moments afin de suggérer leur présence passée. Le titre Sentinel vient de la nouvelle de science-fiction écrite par Arthur Clarke, co-auteur de Kubrick sur 2001 : l’odyssée de l’espace. SA

 

Untitled (Pavilion), 2009, 2 min 56, 16 mm

Ce film a pour sujet le Pavillon de l’Etat de New York, un bâtiment emblématique et l’un des derniers vestiges de l’exposition universelle de New York tenue à Flushing Meadows en 1964. Dans ce film abstrait intemporel, la caméra effectue un lent panoramique de la base au sommet du bâtiment, nous proposant ainsi une lecture subjective de ses éléments architecturaux. Tourné en Super 8 en une seule prise, le film cherche à mettre en parallèle l’esthétique originale, visionnaire et utopique de la construction avec mon intérêt pour la représentation apocalyptique et ma fascination pour la beauté éphémère. SA

 

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