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2013

TADZIO

Projection et rencontre organisées dans le cadre du cycle “Architectures filmées” 2012-2013, programmé par le CAUE du Nord et le Goethe-Institut, Lille.

Après les artistes Andreas Fohr, Cédrick Eymenier, Anu Pennanen, Patrice Goasduff, Raphaël Grisey, Tadzio nous livre ses visions de villes.

Rencontre avec l'artiste

C’est lors d’un séjour de plusieurs mois à Bangkok que j’ai découvert l’univers des mégapoles. Ayant grandi à Paris, où l’histoire imprègne chaque bâtiment, le caractère impersonnel et écrasant des villes asiatiques modernes m’a profondément interpellé. J’ai alors entamé plusieurs séries photographiques interrogeant la relation de l’homme à son environnement urbain. 

 

Dans mon travail de vidéaste, je filme en plans fixes les mouvements et les tressautements des villes, en les privant de son. À travers l’utilisation d’images floues, j’aime ainsi apporter une texture poétique à un cadre qui en est a priori dénué. Cela permet d’accéder à une autre dimension, quasi surréelle, des villes. Il m’arrive aussi de filmer à grande vitesse, comme s’il s’agissait d’une traversée fulgurante. Ce mode opératoire crée une vision survolée à laquelle, à ma demande, un musicien ajoute un son accablant. Cela permet de dire toute l’absurdité du rapport entre l’homme contemporain et un urbanisme stérile, qu’il n’a pas encore eu le temps d’imprégner de son individualité.Ce survol, qui exacerbe le flou et l’évanescence du sujet filmé, rappelle à quel point on oublie de s’interroger sur le sens de la vie urbaine.

J’envisage les villes comme des êtres vivants, autonomes, qui respirent. Elles sont notre enveloppe, une peau où l’on habite et qui nous absorbe. Je trouve donc intéressant de m’en extraire afinde porter sur elles un regard lucide mais qui distord leur réalité. D’ailleurs, mon travail ne se veut ni documentaire ni didactique. Il entend simplement offrir un survol, une traversée, une plongée onirique. 

 

Je suis attiré par les villes qui n’ont pas eu le temps de se forger une histoire architecturale. À l’inverse des métropoles européennes qui ont traversé les guerres et les générations, et dont l’évolution est lente et continue, les mégapoles ne cessent de se détruire et de se reconstruire. Elles sont engendrées par la société qui nous entoure et nous sont presque entièrement contemporaines. Leur absence de charme devient alors une substance où puiser de la beauté. Ces villes sont rarement structurées, et c’est dans leur chaos que je recherche une cohérence. J’aime travailler la “matière urbaine”, une matière malléable, en mutation et en perpétuel mouvement.

Ma première vidéo est l’extension d’une série photographique. Il s’agit d’un plan fixe, sans son. À l’inverse, certaines photographies sont une décomposition de mouvements, formant l’équivalent d’une seconde de film. J’utilise donc toujours un mode à la frontière de l’autre.

Certaines villes, comme Kuala Lumpur ou Bangkok, m’inspirent plutôt l’utilisation de la vidéo. Cela vient de leur caractère effréné qui demande spontanément une image en mouvement. Mais ce choix peut être aussi commandé par le bruit, la chaleur ou l’odeur. Au contraire, des environnements plus statiques, comme Paris (à l’exception du périphérique) ou Tokyo, m’inspirent plutôt une douceur que j’ai envie de figer. C’est une histoire qui se raconte en silence. Tadzio

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