CE QU'IL RESTE DE ROMANTIQUE
Benjamin Collet
Pierre Gaignard
Laura Haby
Benoît-Marie Moriceau
Thomas Teurlai
Jonathan Vinel
En prolongement de la projection du film The land where mountains float et de la rencontre avec Pierre Gaignard, la Saison Vidéo lui propose une carte blanche. Cinq artistes dont il se sent proches sont conviés dans une quête du romantique ou ce qu’il en reste.
Benjamin Collet
#CashTalkArtStuffCantSleep, 2014, 2 mn
Production : supremEldorado
Des fragments de vie, punch-lines tirées du réel par un téléphone portable. Nous sommes au cœur d’une vie intense, la sienne ou la notre, enregistrée en continu. Tournée-montée, la vérité qui s’offre à nous est consignée méticuleusement à l’instar d’un carnet de croquis. Chaque coupure, chaque forme, chaque symbole, chaque couleur est comme un potentiel ou l’élément d’une future composition encore décomposée. Avec #CashTalkArtStuffCantSleep, Benjamin Collet nous livre un instantané brut de sa recherche formelle. PG
Pierre Gaignard
Stainless Texas Car Crash, 2014, 3 mn 40
Production : Contrefaçons & supremEldorado
Dans la campagne nuageuse à bord d’une voiture rehaussée d’un pare-buffle, une jeune fille se prépare à un choc physique… En filigrane de ce pitch : la réalisation d’une sculpture au moyen d’un crash automobile. Avec le vocabulaire du vidéo-clip, le film façonne une image à la sculpture. Il cherche à lui donner une origine. Avec Stainless Texas Car Crash, Pierre Gaignard propose une expérience collatérale : dissoudre les documents exultant sa manière de faire de la sculpture dans un récit fantasmé. LH
Laura Haby
En Apnée, 2013, 6 mn
Assis à la table d’un café, l’homme a une conduite technique. Tout a déjà été précisément planifié. Il le sait, on tentera d’empêcher ses actions mais peu importe. Il finira ses jours avec classe et brio. La caméra écoute. Nous écoutons le récit d’une mort programmée, cachés sous la table. En Apnée de Laura Haby livre un récit naturaliste qui se perd dans les méandres spirituels et idéologiques de son protagoniste. PG
Benoît-Marie Moriceau
Concrete Sunset, 2012, 2 mn 40
Carte postale : le plus beau des couchers de soleil pour projet. La voix de Ty Mitchell nous emporte sur les plateaux du Chinati au Texas à la tombée du jour. Entourés de cowboys, une bonne tasse de café à la main, nous contemplons le coucher du soleil, dégradé dont le bleu indigo gagne imperceptiblement sur le rose orangé. La rhétorique du cowboy autant que l’éloquence du dégradé nous hypnotisent. Benoît-Marie Moriceau n'est pas là. La nuit tombante, les récits deviennent projets et réciproquement. PG
Thomas Teurlai
Fishfactory, 2012, 3 mn
Production : Autoproduction Gitane & T. Teurlai
L’ambiance est lourde, des objets peu identifiables et des textures composites. Le cadre se déplace lentement comme si la gravité s’était brusquement renforcée. Les hybrides s’animent d’eux-mêmes tour à tour. Etranges machines à produire de l’effet cinématographique, elles semblent tourner le dos à leur fonction d’origine et ne s’animent que pour elles-mêmes. PG
Jonathan Vinel
Notre amour est assez puissant, 2014, 9 mn 15
La Femis, Paris
Un mercenaire numérique tire dans tous les sens, déclarant sa flamme à Nathalie en pleine montée de KBPS. L’histoire d’amour explose et se consume pixel par pixel, flamboyante. « Tourné » dans un virtuel abandonné, la vie ne semble plus y avoir sa place. Toutes les images préexistent mâchées puis remixées. La perspective d’un monde qui se noie sous l’information. Et l’amour dans tout ça ? Trop tard, nous sommes déjà tous morts. Notre amour est assez puissant de Jonathan Vinel dépèce, couche par couche, ce qu’il reste là de romantique. PG